Jeudi 6 juillet :David Monvoisin et Charlotte Brenugat. Le pain bio
Jeudi 13 juillet :Jacques Hédin. Les Briéron(ne)s et leurs activités dans le marais de
Grande Brière ou Us et Coutumes sur le marais de Brière au fil du temps
Jeudi 20 juillet :Blandine Placet. Les plantes médicinales
Jeudi 27 juillet :Bernard Hervy, L’évolution de la pêche à La Turballe de la fin du 19ème àaujourd’hui
Jeudi 3 août :Nicolas Roux. Les abeilles et le miel.
Jeudi 10 août :Alain Poulard. Le vin dans l’histoire
Jeudi 17 août :Yves-Marie Allain, Rhododebdron, plante indigène ou plante invasive ?
Jeudi 25 août :Geonanni Olivares. La bière et le jardin
Jeudi 31 août :Soirée festive Michelle Lefeuvre et Guy Nicoleau chantent les femmes de Montoir
Les intervenants :
David Monvoisin et Charlotte Brenugat sont les boulangers des Pains Maritimes de Saint Nazaire
Jacques Hédin, ancien chargé de mission au Parc Naturel Régional de Brière, est un grand connaisseur du marais, de sa faune et de sa flore
Blandine Placet : Passionnée de voyages et de lectures, les connaissances pharmaceutiques de Blandine se sont enrichies de l’utilisation des plantes dans les différentes recettes traditionnelles.
Bernard Hervy, « Président de l’association Au Gré des Vents », association qui gère le musée « La Maison de la Pêche » à La Turballe
Nicolas Roux, apiculteur montoirin, produit le miel bio du « Rucher des Marais ». C’est un grand connaisseur de abeilles et de leur environnement.
Alain Poulard, ancien de l’Institut Français de la vigne et du vin. Membre de l’association « Le Berligou » de Couëron.
Geovanni Olivares, est architecte, urbaniste, paysagiste et brasseur. Fondateur de la brasserie
Veracruz à Saint Nazaire et co-president de l’association « les collemboles » qui milite pour un
brassage de cultures créatives et festives.
Yves-Marie Allain, ingénieur horticole, ancien directeur du Jardin des Plantes de Paris a écrit de nombreux ouvrages. Il a été à la création du jardin Montoirin.
Entrée aux conférences gratuite. Le Jardin est ouvert à la visite du 20 mai au 24 septembre, visite libre. Près de Trégonneau . Fléchage à partir de la Gendarmerie
En 2014, lors de la création du Jardin Médiéval des Caves, à Montoir de Bretagne, les bénévoles du GATM (Groupe Animation Tourisme Montoir) ont planté trois cépages de vigne ayant une histoire avec la région : La folle blanche, distillée et destinée aux voyages vers l’Amérique, le Pinot d’Aunis, arrivé à Escoublac au milieu du 11e siècle et Pinot de Bourgogne, plants donnés, vers 1460, par Charles Le Téméraire, duc de Bourgogne à son cousin François II, duc de Bretagne, qui l’a planté au lieu dit « Berligou », à Couëron, qui a donné le nom à ce cépage : « Le Berligou ». En 2018, les bénévoles de l’association ont ajouter une vingtaine de plants au Jardin Médiéval. Le 8 septembre dernier, une première vendange présentait un excellent état sanitaire et accusait un titre alcoolique potentiel voisin de 12,5%. « Après éraflage (suppression de la partie ligneuse de la grappe), une cuvaison de 24 h à 16°C a été appliquée sur la vendange. Après décuvage, pressurage du marc et assemblage des jus, la fermentation alcoolique a été initiée avec l’apport d’un pied de cuve composé de levures indigènes. Conduite à 16•C, la cinétique fermentaire à duré 21 jours. Après stabilisation et soutirage du vin nouveau sur lies légères, celui-ci est conservé en bonbonne tout l’hiver à basse température pour favoriser la précipitation de tartre. Il devrait subir un collage pour clarification finale à la gélatine avant une mise en bouteilles prévue au début du printemps. Une vingtaine de bouteilles composera cette première cuvée de 12,4 degré alcoolique » explique Alain Poulard, ancien de l’Institut Français du Vin et de la Vigne, membre du GATM et de l’Association Le Berligou de Coëron. Daniel Le Barillec, du GATM, est chargé de réaliser une belle étiquette pour ce vin que l’on découvrira lors de l’ouverture du Jardin Médiéval
Alain Poulard, ancien de l’Institut Français du Vin et de la Vigne, membre du Groupe Animation Tourisme de Montoir et de l’association Berligou de Coëron, élève avec soin et passion les vins de nos vignes……
Lors d’une conférence au Jardin Médiéval des Caves, Jacques Hédin, ancien chargé de mission environnement du Parc Naturel Régional de Brière et membre du GATM, nous a parlé des migrations.
Voici la lettre de cette conférence:
Les migrations en quelques mots :
Le dictionnaire indique le latin migratio de migrare : changer de séjour. Déplacement cyclique ou définitif d’une importante population animale ou végétale homogène. La langue moderne distingue l’émigration (définitive) de la migration (saisonnière ou cyclique). Qu’ils migrent ou émigrent, tous les animaux qui se déplacent sont dénommés migrateurs. Je restreindrai à quelques exceptions près mon propos aux migrations d’oiseaux.
Quelques moments vécus :
Une migration d’Oies cendré au Marquenterre en Octobre 1977 : avec les enfants.
Une migration de Pluviers argenté en Baie de Somme en Septembre 1976 par temps de brouillard. La migration des Grues cendré en Chalosse : novembre 1989 et les phénomènes d’ascension. Les plus gros passages de Cigogne blanche en Mai et noire en Aout en fin des années 1980 à Rozé et Besné. La migration exceptionnelle de Canards et d’Oies à la fin de l’année 2020. Surtout notée par les chasseurs du nord de la France, mais aussi visible chez nous pour les canard Pilet Souchet et surtout Siffleur. Mais aussi : Les migrations estivales de Coccinelle au Sud de la Somme
Origine des migrations :
Certains citent cette origine à la fin de l’ère glaciaire: cas de l’hirondelle originaire d’Afrique qui a la fonte des glaces a progressivement occupé des espaces nordiques libérés. D’autres évoquent des habitudes beaucoup plus lointaines liées notamment à dévire progressive des continents. Les études récentes permettent de cerner des évolutions dans le temps et l’espace des migrateurs selon les espèces. Parmi les certitudes, il en est une incontournable: la migration des oiseaux n’est avantageuse que si la mortalité qu’elle entraîne, est plus faible que celle due à la famine hivernale sur les lieux de reproduction.
Migrations aller / retour : migration d’automne et de printemps :
Migration post nuptiale
Si l’on parle de migration, le plus souvent nous vient à l’esprit la période de l’automne propice à ces mouvements. Dans ce cas la migration est motivée par la recherche de nourriture, mais celle-ci nécessite du carburant (emmagasiné dans les graisses) réflexe plus rapide chez l’adulte que chez le jeune.
Migration pré nuptiale
Au « Printemps », la migration de retour est conditionnée en premier par le besoin de reproduction, qui doit d’abord passer par la formation des couples (pour ceux qui ne sont pas unis de façon durable). Le vent dans les deux cas joue un rôle non négligeable. Au milieu de l’Automne, installé au NE, il préfigure la possibilité d’une vague de froid et déclenche les départs. Au printemps, le vent de SE apporte le soutien à l’oiseau en vol. Dans les deux cas, le vent d’Ouest est synonyme de pluie, voire de tempête et n’incite pas souvent les oiseaux à effectuer leur migration sauf pour ceux dits anglais qui rejoignent alors le continent.
Une astuce : pour localiser les masses d’air, il suffit de se mettre dos au vent, se tourner de 45° à droite, alors l’Anticyclone est à droite et la dépression à gauche.
Les migrations régulières :
Selon les oiseaux, les migrations s’étalent sur plusieurs mois, cependant pour certaines espèces des pics de migrations sont plus régulièrement observés à dates fixes :
Quelques dates en Eté :
Sur le bord de mer, la fin juillet et le début août voient apparaitre les premiers migrateurs, il s’agit surtout des limicoles tels que les Pluviers et chevaliers (gambette, aboyeur) et aussi des premiers rassemblements en vues des migrations (Sternes).
La Madeleine : autour du 15 aout, cette période est propice à l’observation des Bécassine des marais par groupe parfois d’importance (15/25 ind.)
Quelques dates en Automne :
La pleine lune d’ Octobre : appelée la lune à » couette » (dans la somme) qui concerne plutôt le passage des Grives, Corvidés et apparentés
La St Luc : le 18 Octobre est une date incontournable dans le Sud et attendu par tous les fervents de la chasse à la Palombe.
Entre fin Septembre et début Octobre : on peut observer des bandes d’Oies cendrée et surtout rieuse traverser notre région. Il ne s’agit pas forcément des précurseuses, mais plutôt d’un reste de migration précoce liée à la disposition de nourriture chez nous,en France: maïs, pomme de terre, haricot, suite à des pratiques agricoles anciennes laissant de la nourriture non ramassée dans les champs.
La lune de novembre : appelée elle la lune des canards est réputés des chasseurs de gibiers d’eau dans le Nord et l’Ouest de la France.
Quelques dates au Printemps :
Le mois de Mai était incontournable pour la migration des Cigognes et des Spatules blanches. Les petits limicoles Barge à queue noire et le Combattant varié ont typiquement deux périodes de migration de printemps séparées de 15 jours à 3 semaines entre fin mars et fin avril alors que le Vanneau huppé nous arrive dès le début mars (ces phénomènes s’estompent depuis une quinzaine d’année). D’autres Limicoles plus nordiques (Pluviers et Courlis) passent courant Avril début mai, on les appelle en bord de mer, les avrillots. Parmi les hirondelles, le plus souvent en tête, l’hirondelle de rivage parfois dès fin février, suivi de l’Hirondelle de cheminée, le Martinet pointe le bout de son bec au premier Avril, date des premiers Coucous.
Quelques périodes de la journée :
certaines espèces voient des pics de migrations plutôt en journée (Hirondelles, Rapaces ), plutôt de nuit (Bécasse des bois, Foulque macroule), tout étant fonction aussi de la durée du vol des conditions atmosphériques et de l’ âge du capitaine, la situation de l’observateur.
Quelques itinéraires de migrations :
Lorsque l’on parle de migrations, on conçoit toujours des mouvements Nord/Sud et vice et versa, ces itinéraires ne sont pas immuables et peuvent s’adapter à certains facteurs naturels( voir les cartes). A noter dans les voies migratoires, les rétrécissement liés aux franchissement, d’où l’importance des détroits, des succession d’îles ou des montagnes et le positionnement des vallées.
L’évolution des itinéraires de migrations :
Ces itinéraires peuvent parfois sembler incohérents, c’est le cas du Traquet Motteux nichant du nord de l’Europe de l’Ouest jusqu’en Sibérie Orientale qui va hiverner en Afrique. Un petit nombre d’individus ont passé le détroit pour aller nicher en Alaska, mais ils continuent de parcourir plus de 16 000 km pour retrouver l’ Afrique.
Certaines espèces ont vu modifier leurs itinéraires comme la Sarcelle d’été dans les années 1970 dû principalement à la sécheresse sur le delta du Sénégal. Pour rechercher l’eau, elles ont parcouru plusieurs centaines de km en amont (vers l’Est). Au printemps, elles sont remontées dans l’axe de leur ancien cap inscrit dans les gènes.
Les migrations à regret :
Certains passages migratoires peuvent avoir lieu en dehors de ces périodes de descente, ils sont le plus souvent liés à l’arrivée d’une vague de froid tardive. Ceci après souvent un automne clément sur les sites de reproduction nordiques incitant les oiseaux à prolonger leur stationnement. Devant la perte d’accessibilité à la nourriture (ou à l’eau), les oiseaux n’ont alors comme autre ressource que celle de se déplacer vers des cieux plus cléments : ce sont des migrateurs à regret. Ils payent quelquefois un lourd tribu d’autant plus si la vague de froid s’installe en provenance du Sud les obligeant à aller encore plus loin sans la réserve de graisse préalablement emmagasinée.
Phénomènes de rémanence :
Beaucoup d’ espèces qui ont une aire de répartition large, ont plusieurs lignes de lignes de migration selon leur lieu de reproduction. Dans le cas du Canard siffleur, certains nichant au Nord Est empruntent la ligne Rhin/Rhône à son début et bifurquent ensuite pour regagner la ligne Atlantique. Il peut s’agir d’un phénomène naturel susceptible de favoriser le brassage génétique.
Des migrateurs accidentels :
Ce peut être le cas pour des Grues cendré dont la migration s’est déportée à l’Ouest par des conditions climatiques continentales comme dans les années 1990, en Brière. un ou quelques individus en groupe : C’est souvent le cas pour des limicoles Nord-américains observés sur la côte. Le plus souvent confrontés à des tempêtes les désorientant (notion de Vimers en marais breton-vendéen). L’inverse est aussi le cas avec des oiseaux européens sur la côte américaine (ex : Héron cendré).
Comment mieux comprendre les migrations :
Ce n’est pas ma tasse de thé, car j’aime bien que dans la nature, il reste un coin de mystère, cependant, l’observation aux jumelles, à la lunette ou tout simplement de visu du naturaliste du chasseur ou du promeneur amoureux de la nature pour peu qu’ils soient attentifs et scrupuleux de noter les observations, a longtemps permis de décrypter ce phénomène. Le must : repérer les survols sur quelques endroits privilégiés comme Orgambidechka (ou à proximité) et voir la vallée toute bleue un peu comme le ciel, de palombes cherchant une ascendance. Mais aussi, comme dit précédemment, tous les sites où se situent des entonnoirs de migration.
Le baguage: nécessite de positionner des filets ou des appareils de capture propre à certaines espèces : les Bécasses au Marquenterre et les Plies en Baie de Somme, maintenant les résultats sont plus probants. La pose d’une bague numérotée permet d’identifier l’oiseau, il faut encore le retrouver vivant ou mort, découvert ou à la chasse si espèce gibier. Les résultats pour les passereaux sont maigres (1 pour 1000 !). Il permet de suivre une Sarcelle baguée à Hambourg en fin de journée et tuée en Baie de Somme dans la nuit (1973), le parcours d’un Bécasseau maubèche bagué en presqu’île de Thulé (Groenland)juste volant (début Juin) et tué dans les Traicts du Croisic début Aout(1985). Les pérégrinations d’un Etourneau sansonnet et d’un Bécasseau variable bagués ensemble en Hollande et à nouveau repris ensemble dans le nord de la France plusieurs mois après.
Les bagues colorées : par le jeu des couleurs permettent d’identifier à l’aide de jumelles, le bagueur, l’âge et le sexe de l’oiseau. De même pour les bagues numérotées apposées sur des oiseaux plus gros. Les bagues nasales sont aussi en vigueur surtout pour les Anatidés
Les colliers GPS permettent suivre les oiseaux tout au long de leur cycle annuel et leur trajet migratoire au plus près. Exemple pour les jeunes Oies cendré nées sur le Banc de Bilho.
Les radars permettent aussi de vérifier l’altitude atteinte par les oiseaux en migration, jusqu’à 1200m pour certains passereaux. Les expérimentations sur des individus en laboratoire ont surtout porté sur l’influence des champs magnétiques (horloge interne) et sur l’influence de la voûte céleste et les positions des étoiles.
Les influences de l’homme sur les migrations :
Les obstacles : le développement urbain et ses éclazirages,les lignes THT, les éoliennes. La pollution organique ou chimique. La suppression des haltes essentielles. La chasse (historique et nouvelles gestions) le cas du Pigeon migrateur américain est typique (le dernier spécimen au siècle dernier s’est éteint en captivité en 1914). le réchauffement climatique: espèces méditerranéennes: cas des espèces méditerranéennes qui remontent nicher plus au nord : Héron Garde Bœuf, Grande Aigrette, et espèces nordiques de moins en moins observées en période hivernale : comme le Cygne chanteur (à ne pas confondre avec le Cygne tuberculé) ou le Garrot à oeil d’or.
Les espèces invasives : qui par définition modifient le milieu où elles vivent et le rendent inapte à la bonne reproduction de certaines espèces.
Quelques oiseaux migrateurs :
Canard Pilet : une espèce qui ne migre pas de même façon chez les mâles et les femelles.
Phragmite aquatique : un passereaux en péril devant la diminution de ses haltes migratoires
La Sterne arctique : championne du monde de la migration du Pôle Nord au Pôle Sud.
L’Oie à tête barrée : championne su monde de la hauteur (+ 10 000 m) au-dessus de l’Himalaya.
Et pour finir un poisson migrateur : l’ Anguille :
J’ai toujours en mémoire les paroles de Franciane ( ancienne directrice de l’école d’Aignac ) qui se souvenait, étant jeune de demander à sa maman une passoire, et avec son seau de plage partait sur les bords de Loire faire un petit canal sur le sable pour y collecter les civelles. Appelées aussi pibales dans le sud-ouest, elles sont le maillon migrateur d’une espèce aujourd’hui protégée alors qu’elle était indésirable, il y a à peine 40 ans dans les rivières classées à Truite !
S’il est un migrateur gardant encore bien ses secrets, c’est bien elle.
Cependant, depuis plusieurs années, les « pimpeneaux » qui désertaient les marais Brièrons reviennent en nombre de manière sensible, est ce le résultat d’une meilleure gestion des ouvrages, des nouvelles réglementations européennes, d’une concentration des civelles vers la Loire ou de nouvelles sources de nourriture (Ecrevisse de Louisiane) tout comme la Loutre d’Europe, là encore difficile de cerner le facteur principal. Ces animaux soit disant symbole de la bonne qualité de l’eau sont peut être sauvé par une espèce invasive, ne serait-ce pas de l’opportunisme tout simplement ?
Crédit photos: Jean Patrice Damien, Jean Pierre Saliou et Jacques Hédin.
Groupe d’animation tourisme de Montoir
Musée de la Marine en Bois du Brivet –Jardin médiéval des Caves
Montoir-de-Bretagne
A propos de Daucus carota –la carotte.
A l’occasion de la création du jardin médiéval des Caves à Montoir-de-Bretagne, parmi les nombreuses questions préalables à sa mise en place, deux étaient sur le choix des plantes qui pourraient y figurer. La première était liée aux espèces à retenir, car la date de référence était la mort d’Anne de Bretagne en 1514, la seconde aux variétés et cultivars qui pourraient être présentés à retenir. Si la carotte est retenue, sa petite histoire montre toute les ambiguïtés, les dérives sémantiques portées par les mots comme légumes anciens, légumes tombés dans l’oubli, vieilles variétés, variétés traditionnelles, variétés locales, semences paysannes, goût authentique, sans parler de sauvegarde de notre patrimoine naturel et culturel, autant de mots, d’expressions rarement explicités, dont il est souvent difficile de cerner la réalité qu’ils portent ou qu’on veut bien leur faire porter.
La carotte, Daucus carota (famille des Apiacées, ou Ombellifères) avec trois sous-espèces spontanées, ssp. carota, ssp. commutatus, ssp. drepanensis, fait partie des quelques plantes alimentaires dont l’origine sauvage est de ‘chez nous’. C’est une plante bisannuelle qui se développe dans les prairies naturelles et bas-côtés des chemins. Bien qu’il faille toujours être prudent lors de la récolte de plante de la famille des Apiacées, – certaines espèces étant très toxiques – la carotte sauvage se distingue grâce à des tiges et des feuilles couvertes de pilosité et possède l’odeur caractéristique de la carotte.
C’est donc sur ces plantes sauvages que les hommes ont commencé à prélever des racines, puis à les mettre en culture et ainsi très progressivement à améliorer les qualités gustatives de la racine et à sélectionner des racines de couleurs différentes. Mais pendant de longs siècles la carotte sauvage fut un aliment recherché pour les animaux domestiques comme les vaches, les moutons, les chevaux ou les cochons.
Au Moyen-Age, la carotte ne figure pas parmi les légumes-racines les plus prisés et dans de nombreuses régions françaises l’ambiguïté nait du nom donné qui est pastenade, issu directement du latin pastinaca qui correspond à la fois à la carotte et au panais. A la fin des années 1970, plus d’une cinquantaine de noms locaux existaient en France pour désigner la carotte sauvage dont c’hwibanez (Finistère), panez-moc’h (Bretagne), quotechue, en Basse-Loire, Pays de Retz, Bas-Poitou.
Les plus anciennes variétés connues sont longues et pointues avec des couleurs diverses. Au XIXe siècle, en France on préfère la jaune, mais la blanche craint moins l’humidité. En Hollande, la rouge est la plus recherchée, tandis que les Anglais privilégient la carotte orange !
Quelques extraits d’ouvrages parlant de légumes
1600 – Olivier de Serres : Les pastenades et carottes, ne diffèrent que par la couleur : l’un est rouge et l’autre blanche, « de fait en Languedoc et ailleurs n’appellent autrement les carottes que pastenailles blanches ».
1715 – La Quintinie : « Carottes, sorte de racine, les unes blanches, les autres jaunes ».
1784 – Bon jardinier : Carotte, Daucus carota. « On en cultive de trois couleurs, la rouge, la jaune & la blanche. »
1839 –Le Bon jardinier : Carotte, Daucus carota ; les principales variétés sont de couleur rouge, jaune et blanche. Une variété violette est citée. « Les carottes rouges ont en général le goût plus relevé que les jaunes et les blanches. »
1888 – Vilmorin : Dans son album de clichés, 24 variétés de carottes sont inscrites en grande majorité des carottes rouges, 4 sont blanches et une seule jaune : Quelques noms de variétés avec des lieux régionaux : demi-longue nantaise, demi-longue de Saint-Brieuc – demi-courte obtuse de Guérande, etc.
2002- le Truffaut : Carotte, Daucus carota. « Commune au bord des chemins dans toute l’Europe. »
Une petite expérience de sélection de la carotte sauvage
Le Bon jardinier de 1864 cite l’expérience ayant pour objectif l’étude de l’amélioration et de la transformation de la carotte sauvage en plante alimentaire. L’auteur rapporte qu’en trois générations, les carottes obtenues ont l’apparence des carottes du jardin avec « une chair un peu plus compacte, leur saveur plus douce ; elles ont été trouvées supérieures aux anciennes variétés. » Au fur et à mesure des semis, il a « vu successivement sortir de cette souche presque toutes nos anciennes variétés », avec les diverses couleurs des racines depuis les blanches, jusqu’aux rouges en passant par les jaunes et les lie de vin.
Quelques expressions et dictons populaires incluant le mot carotte
Expressions et dictons ne remontent guère au-delà du milieu des années 1850 et, dans l’ensemble, ne rehaussent guère la carotte dans le panthéon des légumes !
La « carotte », feuilles de tabac roulées en forme de carotte destinées aux chiqueurs, devenu le nom de l’enseigne des bureaux de tabac.
« Tirer une carotte à quelqu’un » lui extorquer quelque chose en le trompant. Que l’on retrouve dans le verbe ‘carotter’ !
« Jouer la carotte », jouer mesquinement, avec prudence.
Le mot carotte devient un adjectif dans « Poil de Carotte », qui dans le roman de Jules Renard, Poil de carotte, 1893 était le « nom d’amour à son dernier né, parce qu’il a les cheveux roux et la peau tachée ».
« Les bœufs carottes », la police des polices car elle fait mijoter leurs collègues lors des auditions.
« Les carottes sont cuites » pour indiquer que c’est la fin. Ce fut le messsage codé avant le débarquement du 5 juin 1944.
« La carotte ou le bâton », viendrait de l’expression anglaise « The carrot or the stick » et ne serait attestée en France qu’en 1966. Cela fait référence aux deux méthodes pour faire avancer l’âne !
Néflier – Mespilus germanica – néflier des bois ou meslier.
Planté il y a quelques années dans le cadre du jardin médiéval des Caves, le néflier des bois, meslier ou mesperenn en breton, a pris sa place avec sa floraison de printemps et ses fruits à la fin de l’été.
Le néflier – Mespilus germanica – de la famille des Rosacées comme les pommiers, poiriers, cognassiers, etc., est un petit arbre pouvant atteindre 4 à 5 mètres de hauteur. Son nom vient du grec mespilos qui désignait déjà le même arbre, le néflier, chez Théophraste au IVe siècle av. J.-C.
Si de très nombreuses variétés se rencontrent dans la nature, une seule espèce botanique existe, germanica, bien qu’elle ne provienne pas de Germanie, mais du Caucase, d’Iran et des montagnes du Turkménistan. Introduit en Europe puis en France durant l’antiquité, le néflier s’est naturalisé et se trouve un peu partout surtout dans le centre et l’ouest du pays. Ses milieux de prédilection sont les bois, haies, les lisières forestières. Le néflier est associé aux plantes des hêtraies-chênaies et chênaies acidiphiles.
Espèce de plein soleil ou demi-ombre, thermophile, de croissance lente, sa durée de vie maximum est de l’ordre de 150 ans. Les feuilles sont grandes de 5 à 12 cm de longueur, mates dessus, duveteuses dessous.
Les fleurs apparaissent en avril-mai, solitaires, terminales, régulières, sont également grandes (3-4 cm de diamètre), blanches parfois teintées de rose.
Les fruits, parfois appelés « cul de chien », sont récoltés en octobre-novembre. Mais pour les consommer, il est indispensable de les mettre à blettir sur un lit de paille dans un endroit frais et aéré pendant 3 à 5 semaines.
Pendant longtemps, ce petit arbre aux fruits toniques et astringents avec des feuilles également astringentes, fut surtout considéré comme une plante médicinale et c’est dans cette rubrique qu’il est classé au Moyen-Age. Il figure dans le capitulaire De villis de Charlemagne, datant de l’an 795. Il était cultivé dans nombre de monastères dont, en 820, celui de Saint-Gall (Suisse). Hildegarde au XIIe siècle recommande son emploi contre les fièvres. Il est à noter que dans l’ouvrage de La Quintinie paru en 1690, le néflier ne figure pas parmi les espèces fruitières du Potager du roi, celui de Louis XIV.
Au début du XXe siècle, des médecins expérimenteront l’emploi des fruits et des feuilles de néflier sur leurs patients. Il sera confirmé qu’il est possible de lutter contre les diarrhées avec des sirops ou des marmelades à base des fruits, ce qui « régularise les fonctions intestinales ». Avec une décoction de feuilles, prise sous forme de gargarismes, permet de lutter contre les aphtes et les inflammations de la gorge.
En dehors d’une pharmacopée traditionnelle, le néflier aura quelques autres utilisations, plus guère d’actualité, comme la fabrication de cannes et manches de parapluie, ou en tabletterie car son bois, fin et homogène, est dense, dur, prenant un beau poli de rougeâtre clair parfois flammé au cœur de rouge-brun.
Bien que le néflier ne soit pas entré dans la catégorie des fruitiers les plus nobles, il est entré dans des proverbe et expressions populaires.
Proverbe : « Avec le temps et paille, les nèfles mûrissent », c’est-à-dire que l’on vient à bout de bien de choses avec du soin et de la patience. Quant à l’expression « on vous donnera des nèfles », il s’agit d’un refus à quelqu’un qui demande quelque chose de trop beau ou de trop cher. L’expression prend parfois un tour encore plus direct « Des nèfles », ce qui signifie une réponse négative et ironique à une demande jugée excessive. Autrefois « des nèfles » étaient associées également à « peu de chose », à « rien du tout ».
Quoiqu’il en soit, la plantation d’un néflier dans votre jardin, donnera une note de beauté au moment de sa floraison et une redécouverte des bienfaits naturels des végétaux.
Guy Nicoleau pour les photos
Yves-marie Allain, pour le texte
Octobre 2020
Causeries estivales du Jardin médiéval des Caves Montoir-de-Bretagne. Eté 2020
Yves-Marie Allain
La Bretagne et l’hortensia
En 2016, l’Institut culturel de Bretagne souhaite que la Bretagne soit représentée par une plante symbole. Après une consultation ouverte, l’ajonc est plébiscité, mais viennent juste derrière la bruyère et l’hortensia. Si les deux premières sont des plantes indigènes, l’hortensia est exotique, originaire du Japon. Introduit en Europe dans les dernières années du XVIIIe siècle pourquoi, comment, pour qui, l’hortensia est-il devenu une plante qui puisse être représentative de la Bretagne ?
L’hortensia et son arrivée en Europe
En Europe, comme en France, la connaissance de l’hortensia se fera progressivement grâce au Français Philibert Commerson qui est le premier botaniste à décrire la plante. Il la découvre lors d’une prospection botanique sur l’île de la Réunion et prélève un échantillon dans « des jardins de Bourbon en avril & mai 1771 ». Cette plante, mal connue du monde des botanistes, avait été introduite du Japon par un Hollandais au cours du XVIIIe siècle.
Son arrivée en Europe : la seule certitude est que Joseph Banks (1743 -1820), directeur du futur jardin botanique royal de Kew, présente début 1789 un hortensia en tant que plante vivante et en 1803, ce pied fleurit avec plus de 80 fleurs. L’origine anglaise des pieds qui arriveront dès 1792 en France et dans une partie de l’Europe est confirmée par divers documents.
L’hortensia en Bretagne
En Bretagne, le premier enregistrement connu de l’existence de l’hortensia est celui du Jardin botanique de la marine à Brest. Antoine Laurent, responsable dudit jardin, dans son catalogue des plantes publié en 1809, indique qu’il possède comme plantes vivantes dans ses collections Hortense et Hydrangée. Il s’agit donc de l’hortensia et d’un Hydrangea sp., sans doute Hydrangea arborescens originaire d’Amérique du Nord que lui avait fait parvenir quelques années plus tôt, André Thouin professeur au Jardin des plantes de Paris.
La question de l’origine de cet hortensia reste entière car il ne semble pas qu’il y ait eu d’envoi d’un pied d’hortensia par Muséum de Paris. Comme aucune date n’est connue pour son entrée réelle en collection à Brest, il n’est pas absurde de penser que le premier pied ait pu être rapporté par un officier de la Royale de retour de l’océan Indien.
La première diffusion de l’hortensia en Bretagne fut sans nul doute restreinte et liée à l’intérêt qu’une partie de l’aristocratie terrienne lui portait. De multiplication aisée par bouture, des exemplaires auront été introduits dès la fin du XVIIIe siècle dans certaines propriétés privées d’armateurs ou d’officiers de la Marine qui avaient parcouru les océans. Au début du XIXe siècle, la diffusion reste peu importante et l’hortensia orne les abords d’un certain nombre de châteaux et manoirs de la pointe finistérienne. Il faut attendre les années 1850 pour trouver quelques écrits faisant part de l’existence ici et là d’hortensias
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’arrivée du chemin de fer et le développement des stations balnéaires sur les côtes bretonnes occupées durant la saison estivale par une partie de la grande bourgeoisie des villes, vont modifier progressivement les paysages. Dans les jardins d’ornement qui sont alors créés autour des villas, l’hortensia trouve sa place grâce en partie aux paysagistes parisiens qui vont exercer leurs talents en Bretagne ou en Normandie. Non seulement, ils citent dans leurs écrits l’hortensia pour orner les jardins, mais le recommandent pour agrémenter ceux proches du bord de mer. Le paysagiste français Edouard André, dans son ouvrage paru en 1879, cite l’hortensia « parmi les beaux arbres et arbustes dont j’ai relevé la nomenclature pendant mes excursions dans les jardins du littoral breton et des îles de la Manche ». Il n’est pas à l’origine de ces plantations des parcs des châteaux et manoirs qu’il visite, il les remarque, en apprécie les qualités esthétiques et paysagères et en recommande la plantation. On peut supposer que lors de ses interventions en Bretagne, entre 1880 et 1913, pour concevoir ou rénover un certain nombre de parcs – une douzaine sur les cinq départements bretons -il recommandera des hortensias.
Quelques décennies plus tard, divers autres paysagistes parisiens préconisent l’hortensia pour les jardins des nouvelles villas qui s’implantent sur la côte bretonne. André Véra est sans équivoque en 1912 lorsqu’il indique « dans certain endroit de Bretagne, vous emploierez les Camélias et les Hortensias bleus ; » car ainsi « de la seule présence de cette flore locale, le Jardin acquerra un style incontestable. » Il est nécessaire néanmoins de remarquer que les deux genres cités sont exotiques ; tous deux originaires d’Extrême-Orient, ils ont donc changé de statut, puisqu’ils sont considérés comme des plantes indigènes, appartenant à la flore de la Bretagne !
Mais, a contrario, les ouvrages décrivant la Bretagne ainsi que les guides touristiques de l’entre-deux guerres, ne citent pas l’hortensia comme plante caractéristique des jardins et encore moins du grand paysage, comme le sont les pins ou cyprès de Lambert, deux conifères introduits au cours du XIXe siècle.
Mais qu’en est-il dans les bourgs, villages et hameaux du centre Bretagne, de tous ces lieux qui ne se trouvent pas sur le chemin des stations balnéaires ? Nous sommes encore très loin d’une présence de l’hortensia dans les campagnes bretonnes. La percolation vers l’habitat vernaculaire est très lente et se fera dans la seconde moitié du XXe siècle, c’est-à-dire après la Seconde guerre mondiale. En 1950, le journal hebdomadaire Rustica qui lance conjointement avec le Touring Club de France, la Ligue urbaine & rurale et la Fédération des horticulteurs français, le concours des maisons fleuries afin de « rendre plus agréable au touriste qui passe, ou séjourne, l’aspect général de la cité ». L’amélioration visuelle n’est donc pas pour celui qui vit toute l’année, mais bien pour un touriste de passage. Parmi les plantes qui sont préconisées figure l’hortensia car « les variétés d’Hortensias mises dans le commerce depuis peu d’années, placées à mi-ombre, permettent de garnir pendant tout l’été des soubassements de maisons et des à-côtés de perrons. » Ces recommandations sont nationales et les végétaux cités ne sont pas vraiment régionaux. L’avantage de l’hortensia réside dans sa pérennité d’une année sur l’autre et dans sa facilité de multiplication par boutures au printemps, par marcottes ou rejetons. C’est un atout certain pour une diffusion aisée de proche en proche, de voisin à voisin.
Le changement de statut de l’hortensia
L’hortensia est resté pendant des décennies une plante de jardin, de bourgs et de villages avant une appropriation mentale essentiellement dans le dernier demi-siècle portée par un courant touristique amplifié par des supports promotionnels, la photographie et la carte postale couleur. L’hortensia va changer de statut. En fleur durant la belle saison, la saison touristique, les grosses ombelles colorées, nombreuses, nuancées, aux couleurs chaudes et froides, non agressives, font faire la joie des photographes surtout pour les premiers plans, laissant une vue, un monument, une chaumière se détacher en arrière-plan. En noir et blanc, l’hortensia ne laisse pas percer la subtilité de ses nombreuses fleurs réunies en ombelles globuleuses.
Parmi les images véhiculées sur la Bretagne, se trouvent celles des cartes postales couleur à partir des années 1970 avec des commentaires comme, « couleurs de Bretagne, maisons aux hortensias », « maisons fleurs d’hortensias en Bretagne », ou « La Bretagne pittoresque, vieille chaumière typique », etc. sans parler des longères au toit de chaume dont quelques ombelles fleuries d’hortensias ornent la façade principale. Véritable image d’Epinal d’une Bretagne et des Bretons, pittoresques, voire muséifiés pour le plaisir des touristes.
L’hortensia n’est une plante caractéristique ni des villes, ni de la campagne, ce que semble confirmer l’image transmise par des blogs récents (2017 dont les auteurs prétendent sans retenue que « pour retrouver la magie des maisons qui longent les côtes bretonnes, il faut commencer par s’entourer d’hortensias. » !
Une analyse fine des documents de promotion touristique en couleur à partir des années 1975-80 et des photos associées seraient à effectuer afin de mieux apprécier l’impact sur le public de l’hortensia. Quelle aubaine cette plante en fleur tout l’été !
Si chacun des départements de la Bretagne administrative possède un ou plusieurs lieux ou manifestations associées à la plante ou portant son nom, il semble que la plus ancienne n’ait été créée qu’en 1984 avec La cité des Hortensias à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor). D’autres suivront Le circuit des hortensias à Ploërmel (Morbihan) en 1997, Terre d’Hortensias au Folgoët (Finistère) en 1998, Le festival de l’Hortensia à Mahalon (Finistère) en 2003.
Ainsi et malgré lui, l’hortensia dès qu’il fut approprié comme élément d’une image touristique et identitaire d’une certaine Bretagne, a vraisemblablement participé à ce que redoutait vers 1930 le peintre, sculpteur René-Yves Creston, la création d’ « une Bretagne à l’eau de rose pour touristes parisiens ».
Outils apparaissant sur diverses illustrations (détails) de l’ouvrage de Pierre de Crescens, Les profits champêtres, traduit en français en 1373, imprimé en 1471.
Fenaison : râteau à foin (en bois), fourche à foin (en bois), faux ;
Verger : Râteau à foin (en bois), faux, fourche à foin (métallique), serpe, diverses haches ;
Vertus des plantes : bêche, faucille emmanchée, serpette.
Durant le Moyen Âge, les outils de l’agriculture et du jardinage vont petit à petit se différencier et se spécialiser. Les matériaux utilisés pour leur confection restent encore très variés : le bois, la corne, l’os, la pierre et de plus en plus souvent le fer.
Au cours du xve siècle se met en place la profession de taillandier. Il fabrique et vend de nombreux instruments en fer ou en acier comme les faux, les serpes, les houes, les bêches. Mais souvent la bêche est en bois avec une protection partielle de métal. Les couteliers améliorent le tranchant des lames pour les greffoirs et les serpettes.
Conçus et forgés à la demande, tous ces outils ont une forme et des dimensions très souvent adaptées à l’utilisateur.
En 1598, le médecin suisse Thomas Platter dessine les instruments utilisés par le jardinier du connétable de Montmorency à Alès : de grands ciseaux avec des manches en bois, un piochon ou houe, une faucille emmanchée pour tailler les arbres fruitiers et un escabeau double.
De petites scies, genre scie égoïne, pouvaient exister pour couper les branches d’arbres fruitiers.
La faux, fort prisée en Europe, est l’un des rares outils en métal que les paysans possèdent en propre. Plus précieuse qu’une tête de bétail, c’est un bien de valeur. Bien entretenues par leur propriétaire, les faux apparaissent dans les actes notariés et sont transmises lors des héritages.
Et le sécateur ? Il faudra attendre encore quelques siècles.
En 1818, l’almanach horticole du Bon jardinier fait mention pour la première fois d’un nouvel outil pour le jardinier, le sécateur mis au point par le Français, Bertrand de Molleville. Quelques années plus tôt, Jean Mayer, premier jardinier à la cour de Wurtzbourg, précisait encore que les outils nécessaires à la taille se réduisaient à deux, la serpette et la scie !
Yves-Marie Allain et Guy Nicoleau lors de l’ouverture du Jardin Médiéval des Caves
Grâce à Yaelle, Kassandra, Soani, Ilona, Lucien, Simon, Mathys et Janny accompagnés de Swan, animateur des chantiers jeunes de Start’air, qui ont travaillé, pendant une semaine, le Jardin Médiéval des Caves retrouve un nouveau visage. C’est un lien très fort qui existe entre ce lieu et les jeunes de Start’air. En 2014, c’est un chantier jeune qui a participé à la création du jardin. En 2015, ils reviennent pour l’amélioration. En 2016, les jeunes posent des épouvantails de leurs créations. En 2017, ils participent aux trompe-l’œil du Domaine de l’Ormois. Cette année, ils ont donné au jardin un renouveau par la pose des panneaux qui encadrent les carrés. Nous remercions la ville pour la fourniture des panneaux tressés. Les outils du jardin au Moyen-Âge feront l’objet d’une exposition, d’informations et d’une conférence d’Yves-Marie Allain, cette année. Le Jardin Médiéval des Caves ouvrira ses portes au public, le samedi 25 mai. Trégonneau, Montoir de Bretagne, fléchage à partir de
Dans le cadre des 500 ans de la Mort d’Anne de Bretagne, le Groupe Animation Tourisme de Montoir a créé un jardin médiéval au lieu dit « Les Caves », près des jardins familiaux. Yves-Marie Allain, ingénieur horticole, ancien directeur du jardin des plantes de Paris a participé à la réalisation de ce jardin, Alain Poulard de l’association “Le Berligou” de Couëron, ancien membre de l’Institut Français du vin et de la vigne, a fourni les plants de vignes qu’il y avait dans la région à cette époque et Alain Parise, conservateur de Biodiversité, y a semé des vieux blés.L’objectif de ce jardin est de présenter quelques unes des plantes qui pouvaient être cultivées dans un jardin à la fin du Moyen-âge, durant les premières années du XVI e siècle. Bien des légumes ou fleurs sont récoltés dans la nature et ceux cultivés dans les jardins sont très proches des espèces sauvages. Illustré de panneaux explicatifs, ce jardin est un but de promenade et de découvertes. Un thème sera proposé au public sur l’environnement et la protection de la biodiversité chaque année: en 2015, c’était le rôle des abeilles. Cette année, en 2016, c’est le rôle des insectes indispensables au jardin qui y est démontré. En 2017, les jeunes de Start’air et de l’Office Socio-Culturel Montoirin ont réalisé des épouvantails. En 2019, nous exposeront les outils qui servaient au jardin au Moyen-Âge.
Des conférences au jardin sont proposées au public à 18H. Voir le programme en pièce jointe.
Ces conférences sont gratuites.
Le jardin des caves sera ouvert au public à partir du 25 mai de 10 h à 19 h. Gratuit
Le jardin se situe près de Trégonneau, chemin du domaine de l’Ormois, fléchage à partir de la gendarmerie
Existe-t-il une possible relation entre les navires de la marine à voile et les jardins et réciproquement entre les jardins et la marine ?
La relation marine-jardin n’est sans doute pas directe, mais celle entre les marins et le jardin vraisemblablement davantage. En effet, lors des longs voyages sur mer, les légumes et les fruits frais deviennent rapidement une nécessité pour éviter un certain nombre de maladies dont le scorbut. Il y avait donc nécessité de pouvoir s’approvisionner, aussi souvent que possible en végétaux frais. C’est ainsi, que bien des jardins sur les côtes d’Afrique, d’Amérique ou d’Extrême-Orient étaient cultivés afin de ravitailler les équipages de passage. L’un des jardins les plus connus reste celui du Cap de Bonne Espérance, où les Hollandais, dès le XVIIe siècle, avaient établis un jardin de plusieurs hectares cultivant légumes et fruits d’Europe pour ravitailler les navires se rendant en Chine ou en Inde.
Mais le jardinier a-t-il besoin de la marine? Directement sans doute non, mais sans les marins, combien de plantes seraient encore inconnues et non cultivées dans nos régions. Pommes de terre, tomates, maïs, fraisier du Chili, séquoia, thuyas, etc., autant de plantes introduites d’Amérique par voie maritime, hortensia, camélia, pélargonium, érables du japon, autres plantes en provenance d’Afrique ou d’Asie. Ainsi, A compter du XVIe siècle des dizaines de milliers de plantes furent embarqués sur les navires pour venir enrichir les collections des jardins botaniques, enrichir les possibilités de culture et de décorations des parcs et jardins, créer de nouveaux paysages agricoles et urbains. De nos jours, entre 70 à 80% des végétaux utilisés dans nos régions en agriculture, horticulture et en art des jardins furent introduits à une époque récente, c’est-à-dire au plus, quatre siècles !
Disposition des caisses de plantes sur un navire en provenance d’Amérique du Nord -1791
Transport maritime au long cours
Dès la découverte de l’Amérique, les Espagnols et surtout les Portugais vont vouloir essaimer un certain nombre de plantes dans les comptoirs africains et d’Extrême-Orient qu’ils créent. Pour la très grande majorité des végétaux, la question majeure est : comment les conserver vivants durant des semaines et des mois à bord d’un navire qui navigue au milieu des océans. Trouver les conditions optimales dans un milieu non adapté voire hostile, va faire l’objet de bien des expérimentations. Ce n’est pas tant l’amélioration des navires, de leurs conditions de navigation, ou la diminution des temps de traversées qui est à retenir, que la mise au point dans les années 1840, d’une caisse spécifique pour préserver les plantes,la caisse dite de Ward.
Caisse de Ward, permettant le voyage des plantes sans intervention humaine
Le premier véritable recueil européen d’instructions et conseils pour le transport de plantes vivantes et graines par voie maritime est celui du français Duhamel du Monceau (1700 – 1782) publié en 1753 sous le titre Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’histoire naturelle. Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux jardiniers, officiers de marine qu’à l’ensemble des collecteurs qui doivent résoudre une série de problèmes avant le départ et surtout durant les longues traversées.
Bien que les caisses de plantes soient en bois et de dimensions similaires aux divers coffres de marine, la première difficulté est de les faire accepter, par le capitaine et son équipage. En effet elles doivent être mises sur le pont, c’est-à-dire à la lumière et non en fond de cale, mais les navires sont de faibles dimensions, les équipages nombreux et les espaces libres sur le pont réduits.Ce problème d’emplacement résolu, et avant les caisses de Ward, il faut prendre soin des plantes, les aérer, les arroser, les protéger du soleil trop violent, des intempéries, des embruns, laver le feuillage à l’eau douce pour enlever les dépôts de sel, les protéger contre les souris et les rats… Les voyages les plus difficiles, du moins pour les plantes, sont ceux qui leur font subir divers climats et saisons en quelques mois. C’est le cas des retours d’Extrême-Orient puisque la route nécessite la descente de l’océan Indien en coupant tropiques et équateur, puis après le passage du Cap de Bonne Espérance, la remontée de l’océan Atlantique en recoupant à nouveau tropiques et équateur.Le partage de l’eau et donc l’arrosage des plantes font partie des questions épineuses. L’eau à bord est contingentée et la quantité embarquée est régie par un certain nombre de règlements. Si la navigation est conforme aux prévisions et les points de ravitaillement, les aiguades, au rendez-vous, la disponibilité en eau ne se pose pas.En revanche, en cas de calme plat, de dérive importante par rapport à la route initiale, l’eau peut devenir un problème crucial. Ce problème ne sera résolu que durant le XIXe siècle avec l’installation progressive, à bord des navires, de machines de dessalement. Sauf pour les expéditions scientifiques ou dans le cas de transport quasi-exclusif de plantes (cas de laBounty avec le capitaine Bligh en 1788), il n’y a pas de jardiniers à bord des bateaux et c’est donc un membre de l’équipage qui est en charge de ce suivi, en plus de ses autres obligations.
Fortuitement ou volontairement, un certain nombre de ces caisses rejoindra la mer pour libérer quelques mètres carrés de pont !
Transformation des ponts de la Bounty pour le transport des arbres à pain
Sur une caisse débarquée, en moyenne, une plante sur cent a une chance de développement et de vie. Il est donc impératif de trouver une solution et une technique qui puisse réduire de façon substantielle ces pertes. Les Anglais, très pragmatiques, vont lancer un concours d’idées. C’est un médecin londonien, Nathaniel Ward (1791 – 1868) qui après avoir observé dans les années 1830, le comportement de quelques plantes qui avaient germé dans une dame-jeanne fermée, met au point une caisse de transport, vitrée et étanche. Des tests sont effectués lors de voyages au long cours en Chine et en Australie. Le succès est au rendez-vous puisque 90% des plantes arrivent en bonne santé. Les grandes institutions botaniques européennes ainsi que les grandes maisons horticoles (Veitch, Vilmorin, Van Houtte…) qui paient les services de collecteurs de plantes sur tous les continents et latitudes, vont s’équiper de ces caisses qui vont parcourir les mers jusque dans les années 1960.
Malgré cette substantielle amélioration, des échecs subsistent liés à une préparation insuffisante des plantes et des caisses, sans parler des incidents survenus aux cours de la navigation. Dans son courrier du mois d’août 1868 envoyé au Muséum de Paris, le chirurgien de 1ère classe, J. Brion, débarquant à Brest d’une frégate de la marine nationale revenant de Sydney, indique les limites de la réussite « […] bien que ce choix ait été fait avec tout le soin possible […], la plupart des sujets étaient trop faibles et sont morts dans la traversée de la Nouvelle-Calédonie à Rio de Janeiro. Au Cap Horn, il y a eu quelques jours de très mauvais temps qui ont forcé de condamner les panneaux et par suite de diminuer considérablement la quantité de lumière que recevaient les plantes. C’est à ce moment que ce sont développés très rapidement des champignons qui ont fait périr une partie des plantes et la caisse a dû être ouverte pour sauver le reste. »
Arrosage d’un pied de café en route pour la Martinique débutXVIIIesiècle
Yves-marie Allain – Juin 2014
Auteur de « Voyages et survie des plantes au temps de la marine à voiles
Quelques noms de navires ayant transportés des plantes et appartenant à des armateurs nantais
Dans les divers états d’envoi ou de réception de plantes, il est rare que figure le nom du navire qui a effectué le transport, car les caisses ou paquets de graines étaient confiés au premier bateau faisant relâche. D’une façon générale figure le nom de l’expéditeur, celui qui a remis les plantes à l’arrivée (avec son grade et parfois le nom de son navire) et parfois le port d’embarquement et le commissionnaire.
Navires du XVIIIe siècle
Saint-Michel, armateur René Darquistade
Navires du XIXe siècle avec des capitaines nantais :
Germain joyaux : le Cayennais
René Gravouielle : La Cécilia
Canaud : Malvina
Mathurin-Jean Armange : L’Eugénie, Deux Frères, Anna
Joachim Maugras : Andromaque
Pierre Constant Letorzec : La jeune Bathilde, La Geneviève