Le 11 novembre 2018 par Guy Nicoleau et Michel Mahé

Un 11 novembre 2018 particulier

En novembre 2016, Michel Mahé, spécialiste de l’histoire locale du XXe siècle, recevait Brock Bierman. Cet américain est venu sur les traces de son grand-père qui est arrivé dans les camps de Montoir de Bretagne avec de nombreux Sammies en 1917.

Samuel BiermanSamuel Robert Bierman, originaire de Moldavie, émigre en 1906 aux USA, sa famille fuyant les pogroms. Devenu ingénieur, il obtient la nationalité américaine en 1913. Au moment de l’entrée en guerre des États-Unis, il se porte volontaire pour aller combattre en Europe. Il s’engage en juin 1918 dans l’artillerie côtière. Il débarque à Brest en octobre 1918 puis stationne au camp de Montoir qui était situé de part et d’autre de la route de Nantes, à la Ramée, avec le 50e régiment d’artillerie côtière, du 30 octobre au 26 novembre. Il est affecté aux taches quotidiennes qui consistent à remettre en état les infrastructures (routes, voies ferrées). Les conditions météorologiques sont très dures durant son séjour (pluie, froid, boue). Il tombe gravement malade mais s’en remettra. Il retourne alors avec son régiment à Brest au camp de Pontanezen. La guerre terminée, Samuel Bierman embarque le 30 janvier 1919 à destination des États-Unis d’Amérique et débarque à Hoboken , près de New-York le 13 février, avant d’être démobilisé.

Le 11 novembre 2018

A l’occasion du 11 novembre 2018, nous avons eu à nouveau la visite de Brock Bierman, accompagné de son épouse. Il est revenu comme en 2016, sur les traces de son grand-père dans les camps de Montoir. Le couple a visité l’exposition sur « Les Américains à Montoir », réalisée par Michel Mahé et les membres du Groupe Animation Tourisme Montoir, mise en place temporairement à la Médiathèque Barbara. Puis ils ont parcouru le musée de la Marine en bois du Brivet et nous ont laissé en don, pour notre exposition permanente, un casque et une veste de Sammies.

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Michel Mahé, Brock Bierman et son épouse au Musée de la Marine en bois du Brivet.  Le casque et la veste des Sammies

Le jour du 11 novembre 2018, Brock Bierman a offert à David Samzun, maire de Saint Nazaire et à Jean-Pierre Aubry, adjoint à la culture, représentant le maire de Montoir, un drapeau américain de 1917 ( 48 étoiles). Celui remis à la ville de Montoir de Bretagne, sera exposé à l’Hôtel de Ville et au musée de la Marine en bois du Brivet, dans la salle consacrée au XXe siècle, lors des ouvertures d’été.

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Brock Bierman, David Samzun et Jean-Pierre Aubry

Au cours de cette cérémonie, dans la salle des Franciscains de Saint Nazaire, James P. Du Vernay, consul des Etats-Unis d’Amérique pour le Grand-Ouest, a précisé, dans son intervention, que les soldats américains étaient venus pour aider la France, comme un retour de l’histoire, car, entre 1776 et 1782, de nombreux français sont allés soutenir les Américains dans leur combat pour l’indépendance. Guy Nicoleau et Michel Mahé lui ont précisé que 543 marins de Montoir ont participé à cette expédition sur les navires de la Royale. 97 sont morts au combat, 60 sont passés dans les prisons anglaises où 5 y sont morts. Il faut aussi se rappeler que l’Hermione, navire de La Fayette, a sombré sur le plateau du Four, au large du Croisic. Notre presqu’île est liée à cette grande histoire.

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James P. Du Vernay, consul des Etats-Unis d’Amérique pour le Grand-Ouest entre Michel Mahé, historien et Guy Nicoleau, président, conservateur comme l’a nommé Brock Bierman, du Groupe Animation Tourisme Montoir

Guy Nicoleau et Michel Mahé ont souhaité vous faire découvrir une partie de l’allocution de Brock Bierman du 11 novembre 2018. Elle mérite votre attention.

« Merci pour l’opportunité que vous me donnez d’être ici et de pouvoir vous parler en ce jour si important.Les États-Unis et la France ont une relation à nulle autre pareille. vraiment unique et qui remonte à la naissance de notre nation. Tout simplement, sans l’aide de la France durant la guerre Révolutionnaire, nous n’aurions jamais obtenu notre indépendance. En fait, si je suis devant vous aujourd’hui, je le suis en tant que témoin de notre histoire et des relations d’amitié importantes entre nos deux pays. Le jour de l’Armistice est l’un des plus importants jours fériés et la France a fait un travail incroyable, afin de maintenir l’histoire vivante et pour qu’on se souvienne de tous les importants sacrifices réalisés par nos vétérans.Nous avons tous à apprendre à propos de cette histoire, et pour moi et ma famille particulièrement, Saint Nazaire et Montoir sont des endroits très spéciaux . Il y a 100 ans aujourd’hui, mon grand père Samuel Robert Bierman était cantonné tout près d’ici, en tant que membre du 50ème Régiment d’Artillerie Côtière. Et bien que j’aie écrit ce discours, c’est vraiment mon grand père qui vous parle aujourd’hui. Le fait est que Sam avait vécu le début de sa vie sous un régime autoritaire, et ne partageait pas nos libertés avant son immigration vers les USA en 1906 en provenance de la Russie tsariste. Sam arriva en Amérique avec seulement ce qu’il avait pu emporter dans son sac. Il étreignit sa nouvelle patrie à bras ouverts et devint citoyen américain en 1913.

Mon père me disait toujours que mon grand père était fier de son engagement durant la Grande Guerre et avait conforté ses sentiments à son retour aux USA. Il revint de France avec le désir encore plus grand de rendre service à sa communauté.

Il s’était porté volontaire, fut fonctionnaire et passa le reste de sa vie au service de Dieu et de son pays. Il est clair que Sam servit son pays car il était convaincu que la démocratie et la liberté devaient être défendues, partagées, construites et entretenues. Il avait compris mieux que la plupart que le pays pour lequel il s’était battu et sa nouvelle patrie étaient plus qu’une simple nation. C’était une idée, une idée qui exigeait un engagement à vie.

Quand je repense à la vie de mon grand père, un détail me reste. Il se rappelait de l’Histoire. Il se rappelait ce qu’était la liberté, parce qu’il savait de première main ce que c’était de ne pas en avoir. Et il consacra toute sa vie à la célébrer, l’assister et la défendre.

Mais mon grand père voudrait sûrement regarder le monde d’aujourd’hui et nous poser une question. Avons nous oublié notre passé ? Il verrait les divisions entre nous et nous demanderait si nous nous souvenons de tous les hommes et les femmes qui donnèrent leur vie et tout ce qu’ils possédaient au service de quelque chose de plus grand que les différences qui les séparaient.

Nous devons considérer ce jour comme une opportunité de nous rappeler notre passé et de nous souvenir de la façon dont les peuples sont capables de mettre de côté leurs différences pour le bien commun.

Merci, et que Dieu protège la France, les États Unis et tout particulièrement notre amitié ».